Corresponding author: Bernard Sawadogo, African Field Epidemiology Network, Kampala, Uganda
Received: 02 Nov 2021 - Accepted: 07 Dec 2022 - Published: 26 Dec 2022
Domain: Global health,International health
Keywords: public health emergency, preparedness and response, coordination
This articles is published as part of the supplement Overview of Preparedness and Response to public health emergencies in the ECOWAS Region, commissioned by AFENET and WAHO.
©Bernard Sawadogo et al. Journal of Interventional Epidemiology and Public Health (ISSN: 2664-2824). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Bernard Sawadogo et al. Evaluation de la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaires du Sénégal. Journal of Interventional Epidemiology and Public Health. 2022;5(2):9. [doi: 10.11604/JIEPH.supp.2022.5.2.1265]
Available online at: https://www.afenet-journal.net/content/series/5/2/9/full
Evaluation de la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaires du Sénégal
Evaluation of Senegal's capacity to prepare for and respond to health emergencies
Bernard Sawadogo1, Babacar Fall2, Babacar Ndoye1, Ibrahim Sonko3, Delia Akosua Bandoh4, Ernest Kenu4, Virgil Lokossou5
1African Field Epidemiology Network, Kampala, Uganda, 2ECOWAS Regional Center for Disease Surveillance and Control, Abuja, Nigeria, 3African Centers for Disease Control, Addis Ababa, Ethiopia, 4Ghana Field Epidemiology and Laboratory Training Programme, School of Public Health, University of Ghana, Legon, Accra, 5ECOWAS Regional Center for Surveillance and Disease Control
&Auteur correspondant
Bernard Sawadogo African Field Epidemiology Network, Kampala, Uganda. bernardsawadogo@gmail.com
Introduction: Le Sénégal a été confronté à des épidémies et des urgences sanitaires qui ont révélé les limites et les déficiences de tous les secteurs de la santé. Ceci a mis en évidence la nécessité d'aévaluer la capacité du pays à se préparer et à répondre aux urgences sanitaires. Sur requête de l'Organisation Ouest Africaine de la Sante, nous avons évalué le mécanisme national de préparation et de réponse et identifié les limites et contraintes institutionnelles, techniques et opérationnelles de la préparation et de la réponse aux épidémies et aux urgences de santé publique.
Méthodes: Nous avons mené une étude transversale et la population étudiée était le personnel du Ministère de la Santé (MDS), les partenaires techniques et financiers impliqués dans les secteurs de la santé publique au Sénégal. Dans un premier temps, nous avons réalisé une étude documentaire et des entretiens avec le personnel du Ministère de la Santé et les partenaires techniques et financiers impliqués dans les secteurs de la santé publique. Les données collectées ont été analysées dans 12 domaines thématiques du RSI.
Résultats: Le pays fournit une allocation annuelle de fonds pour la gestion des épidémies et le fonctionnement du Centre des Operations d'Urgence Sanitaire. Le Centre des Operations d'Urgence Sanitaire reçoit également un soutien logistique de ses partenaires. Le pays dispose d' épidémiologistes de terrain et d'agents de santé prêts à être déployés en cas d'urgence de santé publique. Des faiblesses telles que l'absence de fonds durables pour la sécurité sanitaire nationale, l'absence de plan pour recevoir et déployer des ressources humaines pendant les urgences de santé publique ont été notées. Le pays dispose d'opportunités telles que la volonté politique pour la préparation et la réponse aux épidémies et le programme FETP pour le développement de la main–d'œuvre. Certaines menaces, telles que l'insuffisance des ressources financières et la fuite des cerveaux, peuvent compromettre son succès.
Conclusion: Nous avons noté les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces pour la préparation et la réponse aux épidémies. Il est nécessaire de fournir des fonds suffisants et durables pour soutenir la préparation et la réponse aux épidémies et aux urgences de santé publique.
Introduction: Senegal has been confronted with epidemics and health emergencies that have revealed the limitations and deficiencies of all health sectors. This has highlighted the need to assess the country's capacity to prepare for and respond to health emergencies. At the request of the West African Health Organisation, we assessed the national preparedness and response mechanism and identified the institutional, technical and operational limitations and constraints of preparedness and response to epidemics and public health emergencies. Methods: We conducted a cross-sectional study and the study population was the staff of the Ministry of Health (MOH), technical and financial partners involved in the public health sectors in Senegal. First, we conducted a desk study and interviews with staff of the Ministry of Health and technical and financial partners involved in the public health sectors. The data collected were analysed in 12 thematic areas of the IHR. Results: The country provides an annual allocation of funds for epidemic management and the operation of the Emergency Health Operations Centre. The Emergency Health Operations Centre also receives logistical support from its partners. The country has field epidemiologists and health workers ready to be deployed in case of a public health emergency. Weaknesses such as the lack of sustainable funds for national health security, the lack of a plan to receive and deploy human resources during public health emergencies were noted. The country has opportunities such as political will for epidemic preparedness and response and the FETP programme for workforce development. Some threats, such as insufficient financial resources and brain drain, may jeopardise its success. Conclusion: We have noted the strengths, weaknesses, opportunities and threats to epidemic preparedness and response. There is a need to provide sufficient and sustainable funding to support preparedness and response to epidemics and public health emergencies.
Key words: public health emergency, preparedness and response, coordination
La région Ouest Africaine a connu plusieurs épidémies et flambées de maladies infectieuses. Ces épidémies ont été source de morbidité et de mortalité élevées dans certains pays de l´Afrique de l´Ouest avec des répercussions négatives sur les systèmes sanitaires de ces pays. En 2019, 9 pays de l´Afrique de l´Ouest ont notifié 31 flambées épidémiques [1] . Il s´agit notamment de l´Anthrax en Guinée, le Cholera au Benin, Liberia, Nigeria, et Sierra Leone, la fièvre de la dengue au Benin, Cote d´Ivoire, la fièvre jaune au Nigeria, la méningite au Ghana, Niger et Togo, et la rougeole en Guinée, Niger et Sierra Leone. La fièvre de lassa est endémique en Afrique de l´ouest et a été notifiée en Sierra Leone, en Guinée, au Liberia, et au Nigeria [2].
Au Sénégal, les urgences de santé publique telles que les épidémies de fièvre de Lassa, fièvre de la dengue, de fièvre de crimée-Congo, de fièvre jaune, de variole du singe, de rougeole et de choléra continuent de poser des défis de sécurité sanitaire dans le pays. A la 46ième semaine épidémiologique de 2018, le pays a signalé 48 nouveaux cas confirmés de dengue. Aussi, le 9 septembre 2015, le Ministère de la santé et de l´action sociale du Sénégal a notifié à l´OMS la circulation active du virus du chikungunya, qui a commencé le 27 août 2015, dans la région de Kédougou. Au 8 septembre 2015, 10 cas confirmés avaient été notifiés. C´est entre 2009 et 2010 qu´on a signalé pour la dernière fois une circulation active dans cette région [3].
Le 30 août 2014, le Ministère de la Santé publique et des Affaires sociales du Sénégal a fourni à l´OMS des détails sur un cas de maladie à virus Ebola annoncé dans ce pays le 29 août [4]. En 2019, le Sénégal a notifié à l´OOAS, des flambées épidémiques de fièvre dengue, fièvre hémorragique de crimée-Congo, la rougeole [1]. Le Sénégal a procédé à l´évaluation externe conjointe du RSI 2005 en décembre 2016 qui a permis d´identifier les forces, les pratiques optimales, les domaines à renforcer et les défis. Il a également permis d´attribuer des notes et d´identifier trois à cinq actions clés prioritaires pour chaque domaine technique, qui accroîtront plus efficacement la capacité́ du Sénégal à prévenir, détecter et répondre rapidement aux urgences de santé, qu´elles soient naturelles, d´origine délibérée ou accidentelle [5].
Comme effort pour améliorer la capacité à prévenir, détecter et de précocement répondre à une urgence de santé publique, l´Organisation Ouest Africaine de la Sante (OOAS) a commandité une évaluation de l´état de préparation et de riposte aux épidémies dans les Etats membre de la CEDEAO y compris le Sénégal.
Cet article analyse la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaires et plus précisément les mécanismes de préparation et de riposte aux épidémies et urgences sanitaires du Sénégal et les limites institutionnelles, techniques et opérationnelles / contraintes.
Cadre de l'étude
Le Sénégal se trouve dans l´hémisphère Nord et constitue la partie la plus extrême à l´Ouest de l´Afrique au sud du Sahara. Sa situation entre 12°30 et 16°30 de latitude Nord, 1°30 et 17°30 de longitude Ouest le place au cœur du domaine intertropical. Sa superficie est de 196 722 km2. Il est limité au Nord par la Mauritanie, au Sud par la Guinée et la Guinée Bissau, à l´Est par le Mali et à l´Ouest par l´océan atlantique sur 700 km de côtes. En 2013, selon les projections démographiques réalisées par l´Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, la population du Sénégal était estimée, en 2017, à 15 256 346 habitants avec 7 658 408 de femmes (50,2%) et 7 597 938 hommes (49,8%). Plus de la moitié des personnes vivant au Sénégal résident en milieu rural (53,5%) contre 46,5% de citadins. On constate de fortes disparités dans la répartition de la population entre les entités administratives régionales [5].
La pauvreté touche plus les ruraux que les urbains (61,6% des ménages en milieu rural contre 43,4% en milieu urbain). Au plan sanitaire, les principaux risques de santé publique auxquels le pays pourrait être amené à faire face sont principalement les maladies infectieuses à potentiel épidémique (arbovirose, choléra, méningite, grippe, rougeole, etc.) ou catastrophes naturelles ou accidentelles. En ce qui concerne la mortalité maternelle, malgré́ sa baisse durant ces deux dernières décennies, le niveau de la mortalité́ maternelle reste préoccupant ; Selon les Enquêtes Démographiques et de Santé réalisées en 1992, en 2005 et 2010, le taux de mortalité́ maternelle est passé de 510 à 401 puis à 392 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Le Sénégal a connu une épidémie de dengue durant le dernier trimestre de 2017 au cours de laquelle 138 cas ont été confirmés par l´Institut Pasteur de Dakar sur un total de 806 prélèvements effectués et quatre (04) régions ont été touchées : Louga au nord, Fatick au centre et Dakar et Thiès à l´Ouest. D´autres cas sporadiques ont été enregistrés en 2019, 2020 dans la même zone centre du Pays.
Cadre d´analyse
L´ évaluation s´ est inspirée du cadre d´ analyse du règlement sanitaire international et s´ est basée sur les politiques, la coordination, les plans, la structure et fonction de l´Institution chargée de la surveillance des maladies et la riposte aux épidémies, les points d´entrée, la riposte transfrontalière , le laboratoire, la communication de risque , la logistique, la capacité de riposte rapide, la prévention et le contrôle des infections, la prise en charge clinique des cas, la disponibilité de l´épidémiologie/surveillance relative avec la capacité de l'institution , le plan de développement du personnel dans le secteur de la santé , la Règlement Sanitaire International et Evaluation Externe Conjointe, l´ engagement des partenaires, Approache One Health, Mobilisation des ressources et pérennité et la recherche.
Le cadre d´analyse de préparation aux urgences de santé publique s'est articulé autour de quatre piliers principaux, à savoir la surveillance des maladies à potentiel épidémique et risque d'urgences sanitaires, le renforcement des capacités des ressources humaines et constitution d´un stock de contre-mesures, les points d'entrée et le système et réseaux de laboratoires. Ces principaux piliers s'appuient sur des fonctions d'appui transversales, notamment la Coordination, la législation et politiques, le système d'information et recherche en santé́ et la mobilisation des ressources.
Quant au cadre de réponse aux urgences de santé publique, il s'articule autour de quatre piliers principaux, à savoir : le renforcement de la surveillance pendant une épidémie, la prise en charge des cas et la prévention et contrôle des infections, le déploiement du personnel et des contre-mesures, la communication de risque et le réseau et système de laboratoire. Ces principaux piliers s'appuient sur des fonctions d'appui transversales, comme la coordination, la législation et politiques, le système d'information et recherche en santé́ et la mobilisation des ressources.
Nous avons réalisé une étude qualitative ayant consisté en une revue documentaire et des interviews avec des personnes clés intervenants en matière de santé au Sénégal. La collecte des données a duré de juillet à aout 2018.
Notre population d´étude était le personnel du Ministère de la santé et de l´Action Sociale et de ses démembrements, les partenaires techniques et financiers et tout autre intervenant en matière de santé au Sénégal. Pour la collecte des données, nous avons utilisé des fiches d´extraction de données, des questionnaires structurés et non structurés développés sur la base des principales capacités du Règlement Sanitaire International (RSI) en 12 domaines thématiques. La collecte des données s'est déroulée en deux phases. La première phase a consisté en une revue documentaire du rapport d´évaluation externe conjoint du RSI pour voir les scores du pays et les actions mise en œuvre après l´évaluation. Une revue des documents de surveillance et d´intervention (politiques, systèmes, plans, structures, mécanismes de coordination, rapports d´exercices de simulation, responsabilités et procédures, lignes directrices, y compris les rapports d'évaluation disponibles) a été effectué aux niveaux régional et national Tableau 1.
Au cours de la deuxième phase, nous avons mené des entretiens en face à face à l´aide d´un questionnaire structuré basé sur les principales capacités du RSI, avec les représentants du ministère de la santé et d´autres parties prenantes concernées, sur la situation des capacités de surveillance et de réaction du pays et son rôle respectif en matière de préparation aux urgences sanitaires et de santé et de réponse. Des entretiens ont également été réalisés avec des autorités du ministère de la santé Tableau 2.
Toutes les données pertinentes sur les politiques, plans, lignes directrices et la littérature pertinente disponible ont été vérifiées lors de la collecte des données.
Les données de l´interview des personnes clés ont été transcrites et analysées sous 12 domaines thématiques. Les données de la revue documentaire ont aussi été analysées sous 12 domaines thématiques et triangulées avec l´interview.
Considération éthique
L´évaluation a été commanditée par l´Organisation Ouest Africaine de la Sante qui a sollicité et obtenu l´autorisation du ministère de la santé et de l´action sociale pour conduire la collecte des données. Le but de l´évaluation a été expliqué aux personnes interviewées et leur consentement a été obtenu pour conduire l´entretien. Les participants ont été rassurés qu´ils avaient la possibilité d´arrêter leur participation à l´interview sans qu´il y ait préjudice.
Politique, Coordination et Plans
La politique de santé trouve son fondement dans la Constitution Sénégalaise qui dispose en son article 17 que «…Etat et les Collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille et, en particulier, des personnes handicapées et des personnes âgées. L´Etat garantit aux familles en général, et à celles vivant en milieu rural en particulier l´accès aux services de santé et au bien-être...».
Le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2009-2018 constitue le document de référence pour l´ensemble des acteurs du secteur de la santé. Il repose sur la vision « d´un Sénégal où tous les individus, tous les ménages et toutes les collectivités bénéficient d´un accès universel à des services de santé promotionnels, préventifs, curatifs et réadaptatifs de qualité sans aucune forme d´exclusion et où il leur est garanti un niveau de santé économiquement et socialement productif ».
La part du budget de l´Etat allouée au Ministère de la Santé et de l´Action sociale est en hausse régulière ces dernières années. Il est passé de 29 milliards en 2000 à 163 milliards de FCFA en 2017 en valeur absolue et représente environ 10% du budget de l´Etat, en valeur relative.
La Coordination dans le cadre de la préparation et la riposte aux épidémies et urgences sanitaires est assurée par le ministère de la santé notamment par la Direction General de la Santé (DGS). Les structures de la DGS qui participent à la coordination de la préparation et la riposte sont la Division de la prévention (DP) qui a en charge la surveillance et l´immunisation et le Centre des Opérations d´Urgence Sanitaire (COUS) qui a en charge la coordination de la préparation et de la riposte contre les urgences de santé et les catastrophes. En outre, il existe des cadres de concertation et d´échanges sur la situation épidémiologique nationale comme le Comité National de Gestion des Epidémies (CNGE) qui organise régulièrement des réunions hebdomadaires en période d´épidémie. Il existe des démembrements aux niveaux régional et local.
Aussi, le pays a élaboré plusieurs documents législatifs comme l´Arrêté numéro 21787 du 11 décembre 2017 portant création et fixant les règles d´organisation et de fonctionnement de la structure de coordination de la sécurité sanitaire mondiale “One Health” et l´Arrêté numéro 4710 du 05 mars 2018 portant création, organisation et fonctionnement du point focal national du RSI. Il existe aussi le Haut Conseil National de la Sécurité Sanitaire Mondiale « One Health » qui définit les orientations stratégiques du programme de la sécurité sanitaire mondiale. Ce comité est chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs en charge de la santé humaine, de la santé animale, de la santé environnementale, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la sécurité sanitaire des aliments, de la sécurité publique et de la sécurité civile. Ce haut conseil comprend un Comité de Pilotage multisectoriel, un Secrétariat technique, une « Task Force multisectorielle ».
Sur le plan des ressources, il existe une allocation annuelle de fonds publics destinés à la gestion des épidémies (gérés par la Direction de la Prévention) et au fonctionnement du COUS qui par ailleurs, dispose de fonds d´urgence rapidement mobilisable.
Dans le cadre de la préparation à une éventuelle épidémie ou urgence sanitaire, le Sénégal a élaboré un plan de contingence multirisque des urgences Sanitaires et Catastrophes élaboré en mars 2016, un plan d´action de sécurité sanitaire du Sénégal 2017-2021 et un plan stratégique du COUS 2016-2018.
Mais un certain nombre de défis sont relevés notamment l´insuffisance du budget pour couvrir l´ensemble des besoins; la pérennisation du financement de tous les programmes sur la sécurité sanitaire nationale; la révision, l´adaptation des textes législatifs et réglementaires sur la sécurité sanitaire et leur application ; la mise en place de cadres de coordination des interventions de prévention et de gestion des situations d´urgence ; l´amélioration de la coordination entre les secteurs humain, animal, alimentaire et environnemental.
Structure et fonction de l´Institution chargée de la surveillance des maladies et la riposte aux épidémies et du laboratoire
Le Sénégal a deux structures en charge de la préparation et la riposte aux épidémies. La Direction de la Prévention, chargée de la surveillance intégrée des maladies, en particulier : la compilation des données venant des points focaux régionaux et des points focaux des hôpitaux nationaux, l´analyse des données, l´élaboration du bulletin épidémiologique hebdomadaire diffusé à tous les acteurs du système et le partage des informations avec le Cabinet du Ministre, le Secrétariat General du Ministre, l´Organisation Mondiale de la Santé et les autres acteurs impliqués dans la surveillance.
Le Centre des Opérations d´Urgence Sanitaire (COUS) chargé de la coordination de la préparation et de la riposte aux urgences de santé publique de portée nationale ou internationale. Le COUS a été créé par Arrêté Ministériel du n°17973/MSAS/SG/BL du 1/12/14, révisé en mars 2017. Les missions actuelles du COUS sont de coordonner la riposte contre tout évènement de santé publique de portée nationale ou internationale; de définir les mesures à mettre en œuvre selon les situations d´urgence en collaboration avec les différentes parties prenantes, de coordonner les ressources pour la gestion des évènements et des urgences de santé publique, de coordonner la réponse du ministère de la santé dans le cadre d´une riposte multisectorielle lors de catastrophe ou désastre, de coordonner l´action des différents acteurs impliqués dans la réponse aux urgences sanitaires, d´assurer la liaison avec les institutions homologues, les acteurs de réponse d´urgence sanitaire en collaboration avec les organes du HCSSM « One Health » et de superviser les opérations de terrain. En cas d´urgence, le COUS est activé par le Directeur General de la Santé après avis du Coordonnateur et toutes les directions et organismes partenaires sont informés du niveau d´activation du COUS tout au long de la riposte.
Sur le plan de ressources humaines, le staff permanent du COUS est composé de 20 personnes. L´équipe de gestion est composée d´un Coordonnateur, d´un Coordonnateur Adjoint, de 3 chefs d´unité (administration et finances, planification et Unité Opérations), d´un chargé de la communication, d´un Technicien en Informatique, d´un gestionnaire de projet et d´un spécialiste en suivi évaluation. Le COUS dispose d´un équipement nécessaire à son fonctionnement. Au niveau régional, il intervient à travers les médecins-chefs de région. Des partenaires sont également impliqués dans son fonctionnement en fournissant de la logistique et en participant aux activités d´investigation sur le terrain. Pour son fonctionnement, le COUS dispose d´un plan national d´organisation des secours (ORSEC), d'un plan de contingence qui repose sur la cartographie des risques sanitaires prioritaires identifiés au niveau de chaque région du pays.
Le COUS est opérationnel et a déjà été déployé à plusieurs reprises sur le terrain à l´occasion de la survenue de diverses épidémies (hépatite A, fièvre de la vallée de rift, épidémie de fièvre hémorragique virale de Crimée-Congo et notamment durant l´épidémie de dengue de 2017 au cours de laquelle il a été activé. Le COUS peut être également saisi par les autres secteurs comme la Direction de la Protection Civile, l´Elevage, l´Environnement en cas de catastrophe, de maladies zoonotiques ou d´urgence environnementale afin de participer à la riposte. Cependant, il existe des insuffisances ou défis à être adressés tels que l´existence de texte réglementaires en ce qui concerne le partage de données entre le Ministère des Ressources Humaines et le Ministère des Ressources Animales, l´utilisation de plusieurs logiciels de gestion des données en cours de résolution avec l´utilisation du DHIS2 et le choix de la plateforme RapidPro et le renforcement des ressources du COUS.
Point d´entrée et Riposte transfrontalière
Le Sénégal dispose de « Points d´entrée » désignés comme l´aéroport international Blaise Diagne (AIBD) qui dispose d´un contrôle sanitaire qui a élaboré un Plan intégré de gestion des urgences de santé publique (partie intégrante du plan d´urgence de l´aéroport), le port autonome de Dakar (PAD) qui dispose également d´un contrôle sanitaire, les points d´entrée terrestres officiels qui disposent de contrôle sanitaire.
Le Sénégal a procédé à une capacitation des agents de sécurité au niveau des points d´entrée pour qu´ils puissent identifier un cas suspect et alerter les agents de santé. Le pays a aussi élaboré des procédures pour une riposte transfrontalière et réaliser des simulations de gestion d´urgence sanitaire transfrontalière mais n´a pas encore géré ou investigué une urgence sanitaire transfrontalière. Le Sénégal a aussi réalisé des exercices de simulation de coordination en collaboration avec l´OMS en mai 2018 pour tester la fonctionnalité du COUS prenant en compte le plan de contingence multi pays Sierra Leone, Nigeria et la Gambie.
Cependant, un certain nombre d´insuffisance ou défis sont à relever à savoir le service médical au niveau des points d´entrée est peu efficace, l´application des directives relatives à la surveillance aux frontières reste insuffisante, le mécanisme de coordination entre les différents secteurs est faible, la capacité de riposte est insuffisante, la logistique au niveau des points d´entrée reste insuffisante, l´absence de cartographie exhaustive des points d´entrée au Sénégal, le déficit en ressources humaines qualifiées.
Laboratoire
Le Sénégal est doté d´un système important et diversifié de laboratoires répartis comme suit : Des laboratoires de districts (dans tous les districts et effectuant un certain nombre d´analyses), des laboratoires des hôpitaux régionaux, un laboratoire national de santé publique situé à Thiès, des laboratoires nationaux de référence en santé humaine, au niveau central, comme le centre collaborateur OMS sur les arbovirus et les virus des fièvres hémorragiques (CRORA) de l´Institut Pasteur de Dakar (IPD). L´Institut Pasteur de Dakar réalise les tests des arboviroses et les tests de virus des fièvres hémorragiques, la rage et les maladies encéphaliques, les virus entériques, les virus respiratoires, la poliomyélite. Le pays dispose aussi d´un laboratoire national d´études et de recherches vétérinaires (LNERV) du Ministère de l´Agriculture, un laboratoire de référence en santé animale, des laboratoires privés d´analyses médicales. Les laboratoires de référence sont accrédités aux normes OMS, utilisent la démarche qualité ISO 9001 et permettent de réaliser un certain nombre de tests diagnostiques, et un ensemble d´algorithme en lien avec les normes internationales (OMS, OIE, FAO).
Dans l´ensemble, le délai de collecte et de livraison des échantillons des maladies à potentiel épidémique va de 24 heures à 01 semaine en fonction des pathogènes.
Quant au système de transport des échantillons, il n´existe pas de réseau de référence. Les prélèvements sont acheminés du site de prélèvement au district sanitaire et du district sanitaire à la région. Les prélèvements sont ensuite acheminés de la région au niveau national (laboratoire de référence) par le système de transport publique ou par le poste.
En ce qui concerne le concept One Health, l´Institut Pasteur de Dakar reçoit aussi bien des échantillons humains, animaux et environnementaux et réalise des tests pour le diagnostic des maladies zoonotiques et environnementaux. L´équipe du laboratoire comporte des vétérinaires et des agents environnementaux.
Cependant, on note un certain nombre d´insuffisance à savoir le transport d´échantillons non sécurisé, l´insuffisance dans la dotation et la gestion des stocks des intrants de prélèvements (tubes secs, kits PFA, Aiguilles PL…) et milieux de transport (cary blair, trans-isolate) dans les laboratoires des districts, l´insuffisance dans la collaboration de certains hôpitaux régionaux dans la collecte et le traitement des prélèvements, la faiblesse du plateau technique des laboratoires de la plupart des districts pour le traitement des prélèvements, l´irrégularité dans le recyclage du personnel, la discontinuité des services au niveau de certains laboratoires pour le traitement des prélèvements, l´insuffisance dans la coordination de l´acheminement des prélèvements entre les différents échelons, l´absence de stock de sécurité (intrants, médicaments, vaccins, équipements de protection individuelle et collective-site d´isolement, de transit et/ou de traitement).
Communication de risque
Le Sénégal dispose d´une cellule de communication qui coordonne la communication institutionnelle tandis que la communication pour le changement de comportements au niveau du ministère de la Santé et de l´Action sociale est assurée par le Service national de l´Education et de l´Information pour la Santé. Il existe également un Comité multisectoriel de mobilisation sociale. Ces services, qui incluent aussi la recherche sociale sur le changement des comportements, répondent aux besoins d´information du public aussi pendant les situations d´urgence. Il est aussi à noter que le Sénégal a un dispositif de services multisectoriels de communication aux niveaux national et local dont la coordination est assurée par les démembrements du Service national de l´Education et de l´Information pour la Santé (Bureau Régional de l´Education et de l´Information pour la Santé et Education Information pour la Santé). Il repose également sur un large réseau d´agents de santé communautaires (relais, marraines de villages/quartiers…) structuré et coordonné par la division de la cellule de santé communautaire (sous la DGS).
En matière de communication sur les risques au Sénégal, un plan de communication sur les risques est en cours d´élaboration sous la coordination du COUS avec l´appui technique et financier de l´Unicef. Il existe des personnes formées en communication de crise.
Logistique
Le COUS dispose de ressources humaines et matérielles pour gérer une épidémie et d´une application WEB appelée “GEOCOUS” qui associe les résultats de la cartographie des risques sanitaires et des ressources (humaines, matérielles et de laboratoire disponible dans chaque région). Cette cartographie est mise à jour régulièrement. Le COUS a également mis en place la logistique d´urgence dans 6 régions qui servent de centre de transit. Les partenaires qui soutiennent le COUS sur le plan logistique sont le CDC à travers le Global Health Security Agenda Program, la Fondation Bill and Melinda Gates, l´OMS, l´Unicef…
Capacité de riposte rapide, de prévention et de contrôle des infections, prise en charge clinique des cas
En matière de prévention et de contrôle des infections, le Sénégal a mis en place des procédures de prévention et de lutte contre la MVE, des modules de formation sur la gestion des épidémies et l´appui psychosociale en cas de désastre et des équipes multidisciplinaires d´intervention rapides. Aussi, afin de lutter contre les infections nosocomiales, le Ministère de la Santé a mis en place un Programme Nationale de Lutte contre les Infections Nosocomiales (PRONALIN) qui a des démembrements au niveau des régions (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales CLIN) et au niveau district (Comité d´hygiène de sécurité et de condition de travail).
Les thèmes prioritaires d´activités sont l´hygiène des mains, la gestion des déchets biomédicaux, l´entretien des locaux, la gestion des AES et la résistance aux antimicrobiens. Les activités sont menées à partir du Plan national de gestion des déchets biomédicaux, le plan stratégique qualité et le plan multisectoriel. Cependant il n´existe pas un plan qui décrit le système d´envoi et de réception de moyens médicaux et de personnel de santé d´autre pays. Il n´y a pas eu non plus de situations réelles ou des simulations officielles, de participation à un partenariat international ou régional au cours de la dernière année pour répondre aux urgences de santé publique selon le plan du pays. Cependant il existe des directives pour les maladies à potentiel épidémiques comme le guide SIMR, le plan de riposte spécifique pour certaines maladies à potentiel épidémique actualisé chaque année. Aussi, des équipes d´intervention ont été formées y compris des chauffeurs d´ambulance pour le transport des patients potentiellement infectieux dans la communauté et aux points d´entrée.
Disponibilité de l´épidémiologie/surveillance relative avec la capacité de l'institution
Le Sénégal dispose d´épidémiologistes de terrain, de biologistes, d´infirmiers ayant une expertise en épidémiologie de terrain, de praticiens en santé environnementale et de spécialistes en santé publique qui soutiennent la préparation et la riposte aux urgences sanitaires et sont prêts à un déploiement. Il dispose aussi d´une base de données des experts pour la riposte aux épidémies. Cependant, le Sénégal ne dispose pas de politique ni de directive ni de mécanisme sur le déploiement du personnel dans le pays. Il n´existe pas non plus de bureau en charge d´organiser le déploiement d´experts en cas d´urgence sanitaire.
Plan de développement du personnel dans le secteur de la santé
Les ressources humaines sont disponibles aux niveaux national et régional. Les cliniciens se trouvent au niveau des centres hospitaliers nationaux et régionaux. Les épidémiologistes se trouvent au niveau central et dans chaque région médicale. Dans chaque région, il y a un service régional de l´élevage dirigé par un médecin vétérinaire. Toutes les régions disposent de pharmaciens biologistes et/ou de techniciens de laboratoire. Il existe environ 300 épidémiologistes dans le pays diplômés de l´Institut de Santé et développement (ISED), du Programme de formation-action EPIVAC et du Programme de formation à l´épidémiologie de terrain. Le taux global se situe à plus d´un épidémiologiste pour 46 000 habitants. Le Sénégal dispose des écoles de formation en épidémiologie de tous niveaux, accessibles au personnel de santé publique. Pour les niveaux intermédiaire et avancé, dans le cadre du master en épidémiologie de l´ISED. Il existe aussi actuellement 2 niveaux de formation en l´épidémiologie de terrain : le niveau avancé qui est organisé au niveau régional depuis le Burkina Faso (durée: 2 ans); 7 personnes vouées à travailler au niveau central ont déjà été formées : 4 médecins, 1 pharmacien et un biologiste et un vétérinaire.
Le niveau Frontline d´une durée de 3 mois; Initialement à l´attention des médecins chefs de district, avec l´objectif de former au moins 1 agent par district. A ce jour, 90% des districts ont été ciblés. Dans un second temps, les points focaux surveillance des districts seront également ciblés. Le niveau intermédiaire d´une durée de 9 mois est fonctionnel depuis 2019. Il existe également le projet de formation «Une Seule Santé» qui sera intégré dans le master de santé publique qui cible le personnel de la santé humaine, de la santé animale et de l´environnement. Cette formation est conçue en collaboration avec l´Université du Minnesota. Aussi, bien qu´il existe un plan de développement national pour les ressources humaines de la santé, ce plan ne comprend pas actuellement des professions en santé publique, y compris les épidémiologistes, vétérinaires et techniciens de laboratoire.
Règlement Sanitaire International et Evaluation Externe Conjointe
Le Sénégal a procédé à l´évaluation externe conjointe du RSI du 28 novembre au 02 décembre 2016 et a élaboré un plan national de sécurité sanitaire. Cette évaluation externe conjointe du RSI, a démontré qu´il existe de nombreux gaps dans l´édification d´une solide sécurité sanitaire nationale. Les défis à relever sont notamment le renforcement des systèmes de santé humain et animal, la pérennisation du financement de tous les programmes sur la sécurité sanitaire nationale, la révision, l´adaptation des textes législatifs et réglementaires sur la sécurité sanitaire et leur application, la mise en place de cadres de coordination des interventions de prévention et de gestion des situations d´urgence, l´amélioration de la coordination entre les secteurs humain, animal, alimentaire et environnemental, l´élaboration d´un plan de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, l´opérationnalisation de la plateforme « Une seule santé » à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, le renforcement des ressources du COUS et l´élaboration et la mise en œuvre d´un plan de communication sur les risques sanitaires.
Engagement des partenaires
Les partenaires au développement et autres agences qui soutiennent la riposte aux urgences sont l´OMS, les CDC, Bill Gate et a JICA. Les CDC soutiennent le Sénégal à travers 5 axes stratégiques à travers des accords coopératifs mise en œuvre par certains partenaires comme l´OIE: Le renforcement de la surveillance et du PEV; le renforcement de la capacité des laboratoires; le développement des ressources humaines du ministère de la santé; le renforcement du système d´information sanitaire; et le renforcement de l´opérationnalisation du Centre des Opérations d´Urgence Sanitaire.
En ce qui concerne la surveillance et l´immunisation, les CDC réalisent les activités suivantes : la participation aux réunions du CNGE ; l´assistance technique aux points focaux de surveillance ; la participation comme membre du groupe TARGET et la participation aux campagnes de vaccination de masse et la réalisation d´enquêtes de couverture vaccinale post campagne.
Dans le domaine du COUS, les CDC soutiennent les activités suivantes : Le financement de la construction du COUS et de son fonctionnement, la formation du personnel : prise en charge de 3 membres du COUS pour une formation à Atlanta, le financement et la participation aux exercices de simulation, le soutien logistique comme dotation de deux véhicules au COUS et à la direction des laboratoires.
En ce qui concernant le système de laboratoire, le CDC ont réalisé les activités suivantes : le renforcement de 25 laboratoires en équipement, en réactifs, en personnel contractuel, le coaching pour améliorer le statut de 47 laboratoires dans le domaine du Résistance antimicrobienne, le soutien à l´Institut Pasteur de Dakar par la formation du personnel et dotation en réactifs dans le cadre de la mise en œuvre de la surveillance sentinelle 4S.
Enfin, dans le domaine des ressources humaines, les CDC soutiennent : la mise en œuvre de la formation FETP frontline (163 participants de 9 cohortes formes), la préparation au lancement de FETP Intermédiaire. Sur le plan de surveillance transfrontalière, l´OIM avec un financement de CDC a aidé à l´installation de 7 postes de santé et formé le personnel et développé des SOPs.
Cependant, il faut relever un certain nombre de défis à savoir l'existence de beaucoup de partenaires avec souvent duplication ou chevauchement de certaines activités, l´introduction de multiples nouveaux outils pendant que les anciens outils ne sont pas encore maîtrisés et nécessitant une amélioration (DHIS2, SMIR, etc.), l´existence de plusieurs programmes de formation avec plusieurs curricula. Aussi, il est nécessaire de fixer les priorités comme veiller à l´harmonisation pour éviter des duplications et des chevauchements, veiller à la circulation des documents valides entre les différents acteurs comme OMS, OOAS, etc. l´OOAS doit assurer la coordination régionale, renforcer la collaboration entre les acteurs du système de laboratoire et les acteurs du système de surveillance.
Approche One Health
Le Sénégal a créé une plateforme par arrêté numéro 2017-21787 du 11 décembre portant création et fixant les règles d´organisation et de fonctionnement de la structure de coordination multisectorielle de la Sécurité Sanitaire Mondiale One Health. Cette structure nommée “Haut Conseil National de la Sécurité Sanitaire Mondiale One Health” a pour mission de définir les orientations stratégiques du programme de sécurité Sanitaire Mondiale One Health. Il est aussi chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs en charge de la santé humaine, de la santé animale, de la santé environnementale, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la sécurité sanitaire des aliments, de la sécurité publique et de la sécurité civile.
Sur le plan collaboration entre acteurs de santé humaine et animale, les données de surveillance de la santé animale sont accessibles aux acteurs de la surveillance de la santé humaine. Ainsi, lorsqu´il y a une urgence de santé publique d´origine zoonotique, la riposte est menée de façon commune (santé humaine et animale). Cependant, certains défis ou obstacles comme le partage des données de surveillance entre les différents acteurs n´est pas soutenus par des textes réglementaires. Aussi, le haut conseil qui a été mis sous la coordination de la primature et depuis la réforme supprimant la primature, il se pose un problème d´attache institutionnelle et des soucis dans la coordination.
Mobilisation des ressources et pérennité
Il existe plusieurs sources de financements aux activités de préparation et de riposte dont le budget national, le financement communautaire, les collectivités locales, les partenaires nationaux (Institutions, sociétés publiques ou privées, compagnies d´assurances, ONG, etc.); les partenaires bilatéraux et es partenaires internationaux. Mais il n´existe pas un plan spécifique de mobilisation de ressources.
Suivi et Evaluation
Il existe un bulletin épidémiologiste qui apparait tous lundi mais on peut noter l´absence d´un plan de suivi évaluation utilisé pour suivre les activités.
Recherche
La recherche s´appuie sur les structures du système de santé national, de l´enseignement supérieur (notamment la faculté de Médecine, l´ISED), le secteur privé et les stations de recherche. Les initiatives de renforcement des capacités de recherche se sont généralisées au cours des années 90. Le comité d´éthique qui a été mis en place fonctionne normalement. Le fonds d´impulsion de la recherche a permis d´obtenir des résultats importants qui ont amélioré les stratégies d´intervention dans certains domaines (Infections Respiratoires Aiguës, Paludisme, etc.). Cependant, dans d´autres domaines, les succès sont mitigés du fait de l´absence d´une perspective systémique pour la maîtrise de la recherche en santé. Le développement de partenariats avec l´Université, les Instituts de recherche et le secteur privé est nécessaire pour promouvoir la recherche en santé et assurer une supervision et un contrôle effectif sur les activités de recherche. La coordination de la recherche en santé et l´éthique est assurée par une division. Cependant, il arrive que des activités de recherche au sein du Ministère de la santé et de l´action sanitaire échappent à son contrôle et à sa supervision. Aussi, en matière de recherche, les défis sont énormes tels que la faible allocation de budget pour la recherche, la sous-utilisation des compétences disponibles dans la recherche, la faible collaboration entre les universités et le Ministère de la Santé et l´inadéquation entre thèmes de recherche et besoins du système de santé.
Cette étude a fait une analyse approfondie du contexte de préparation et de riposte aux épidémies et aux urgences sanitaires au Sénégal et a évalué les mécanismes de préparation et de riposte aux épidémies et urgences sanitaires au Sénégal et identifier les limites institutionnelles, techniques et opérationnelles / contraintes en termes de préparation et riposte aux épidémies et urgences sanitaires au Sénégal. Elle a aussi relevé les forces, faiblesses, opportunités et menaces.
Les Forces
En matière de financement, il existe une allocation annuelle de fonds publics destinés à la gestion des épidémies (gérés par la Direction de la Prévention) et au fonctionnement du COUS qui par ailleurs, dispose de fonds d´urgence rapidement mobilisable comme le recommande [6]. Cette pratique est similaire à celle de certains pays qui ont aussi opté de créer des fonds pour la préparation et la riposte [7]. De plus, des partenaires sont également impliqués dans le fonctionnement du COUS en fournissant de la logistique et en participant aux activités d´investigation sur le terrain. Cette pratique s´aligne dans le rôle des ONG qui peuvent apporter des soutiens financiers lors des crises sanitaires pour éviter des procédures compliquées qui peuvent affecter la sante des population [8].
En ce qui concerne la lutte contre les infections, le Ministère de la Santé a mis en place un Programme Nationale de Lutte contre les Infections Nosocomiales (PRONALIN) qui a des démembrements au niveau des régions (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales CLIN) et au niveau district (Comité d´hygiène de sécurité et de condition de travail). Ces comités sont un maillon important dans la prévention et le contrôle des épidémies comme en Algérie [9]. Le Sénégal est aussi doté d´épidémiologistes de terrain, de biologistes, d´infirmiers ayant une expertise en épidémiologie de terrain, de praticiens en santé environnementale et de spécialistes en santé publique qui soutiennent la préparation et la riposte aux urgences sanitaires et sont prêts à un déploiement. D´ autres auteurs ont aussi rapporté que pendant la pandémie de covid-19, a montré la nécessité d´ avoir des compétences en sante publique et de disposer de ressources humaines compétentes en situation d´ urgence [10].
Les Faiblesses
Bien que le pays dispose de nombreux atouts en matière de préparation et de riposte, on note un certain nombre de faiblesses comme l´absence de pérennisation du financement de tous les programmes sur la sécurité sanitaire nationale, l´insuffisance de coordination entre les secteurs humain, animal, alimentaire et environnemental, l´absence de partage de données entre les directions des ministères des ressources humaines et le ministère des ressources animales. Des insuffisances dans la préparation et la riposte surtout en matière de coordination, d´allocation de ressources, d´engagement communautaires ont été aussi rapportés par plusieurs auteurs [11, 12].
• On note également l´insuffisance de coordination entre les différents secteurs au niveau des points d´entrés, l´insuffisance de transport sécurisé des échantillons. Cependant plusieurs auteurs ont relevé l´importance capitale du leadership et la coordination en matière de préparation et de riposte[12] , de la capacité du laboratoire[7, 13,14].Il n´existe pas non plus un plan qui décrit le système d´envoi et de réception de moyens médicaux et de personnel de santé d´autre pays. Aussi, le partage des données de surveillance entre les différents acteurs n´est pas soutenu par des textes réglementaires.
Au Sénégal, le principal défis consiste à amener le laboratoire sur le terrain pour une détection et une réponse précoces dans des infrastructures simples, avec des problème d´ approvisionnements en électricité et de chaine de froid [15].
Les Opportunités
Cependant, le pays dispose de nombreuses opportunités à exploiter. Il existe un environnement politique favorable à la préparation et à la riposte. Plusieurs partenaires sont impliqués dans le fonctionnement du COUS en fournissant de la logistique et en participant aux activités d´investigation sur le terrain. Il existe un programme de formation en épidémiologie de terrain qui renforce le système de santé publique en compétences. Plusieurs auteurs ont rapporté que la formation en épidémiologie de terrain a contribué à accroître la qualité et la quantité du personnel de santé publique afin de renforcer la surveillance la préparation et la riposte aux épidémies et de façon générale la capacité en sante publique [15]. Il a aussi été rapporté que le programme FETP a fourni une assistance essentielle aux efforts de réponse des pays à la COVID-19, mais également améliore la capacité de la main-d'œuvre épidémiologique, l'infrastructure d'urgence de santé publique et contribue à assurer la sécurité sanitaire mondiale, comme le prescrit le Règlement sanitaire international de l'OMS [16].
Les Menaces
Un certain nombre de menaces peuvent compromettre l´état de préparation et de riposte à savoir l´insuffisance de financement et la survenue d´autres menaces de santé publique et la migration du personnel de santé. Ces défis sont aussi rapportés par d´autres auteurs et qui relèvent la nécessite de développer de nouveaux modèles innovants afin d´ assurer la pérennité des financement en matière de préparation et de riposte contre les épidémies[17].
Cette étude a permis de noter des forces, des opportunités, des faiblesses et des menaces en matièe de préparation et de riposte. Pour améliorer la capacité de préparation et de riposte, il sera nécessaire de renforcer les financements domestiques pour assurer la pérennité des activités des programmes et maintenir les acquis, mettre en place un mécanisme de coordination, renforcer la capacité. des ressources humaines.
Etat des connaissances actuelle sur le sujet
Contribution de notre étude à la connaissance
Les auteurs déclarent n'avoir aucun conflit intérêt.
B.S: Conception, collecte de données, analyse des données, rédaction de rapport. B.F, B.N et I.S: Rédaction de rapport. D.A. B : Conception, collecte de données, analyse des données, rédaction de rapport. E.K: Conception, collecte de données, analyse des données, rédaction de rapport. V.L : Conception, collecte de données, analyse des données, rédaction de rapport.
Remerciements à l'OOAS, aux autorités sanitaires du Sénégal, aux partenaires techniques intervenant dans le domaine de préparation et de réponse aux épidémies et aux urgences sanitaires.
Tableau 1: Liste des documents exploités dans le cadre de l´évaluation de la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaire, Sénégal, 2018
Tableau 2: Organisations et nombre de personnes interviewées dans le cadre de l´évaluation de la capacité de préparation et de riposte aux urgences sanitaire, Sénégal, 2018
Public health emergency
Preparedness and response
Coordination
The Journal of Interventional Epidemiology and Public Health (ISSN: 2664-2824). The contents of this journal is intended exclusively for public health professionals and allied disciplines.