Corresponding author: Aristide Compaoré, Direction de la santé animale, Ouagadougou, Burkina Faso, 09 BP 907
Received: 29 May 2024 - Accepted: 11 Dec 2024 - Published: 16 Dec 2024
Domain: Infectious disease
Keywords: Vaccination, COVID-19, Acceptability, Burkina Faso
This articles is published as part of the supplement Eighth AFENET Scientific Conference Supplement, commissioned by African Field Epidemiology Network
Ground Floor, Wings B & C
Lugogo House
Plot 42, Lugogo By-Pass
PO Box 12874 Kampala
Uganda.
©Aristide Compaoré et al. Journal of Interventional Epidemiology and Public Health (ISSN: 2664-2824). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Aristide Compaoré et al. Déterminants de l´acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19, dans quatre régions du Burkina Faso, juin 2022. Journal of Interventional Epidemiology and Public Health. 2024;7(4):11. [doi: 10.11604/JIEPH.supp.2024.7.4.1623]
Available online at: https://www.afenet-journal.net/content/series/7/4/11/full
Déterminants de l´acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19, dans quatre régions du Burkina Faso, juin 2022
Determinants of acceptability of vaccination against COVID-19 in four regions of Burkina Faso, June 2022
Aristide Compaoré1,2,&, Maryse Olivia Ouédraogo3,4, Wendkouni Serge Alain Tougma5,4, Boureima Kouraogo6,4, Bérenger Kaboré7,8, Denis Yelbéogo, 7,8
1Direction de la Santé Animale, Ouagadougou, Burkina Faso, 2Ministère de l'agriculture, des ressources animales et halieutiques, Ouagadougou, Burkina Faso, 3Direction Régionale de la Santé et de l'Hygiène Publique du Centre Ouest, Ouagadougou, Burkina Faso, 4Ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique, Ouagadougou, Burkina Faso, 5Centre des Operations de Réponses aux Urgences Sanitaires, Ouagadougou, Burkina Faso, 6Direction Régionale de la Santé et de l'Hygiène Publique du Centre Sud, Burkina Faso, 7African Field Epidemiology Network, Ouagadougou, Burkina Faso, 8Programme de formation en épidémiologie de terrain, Ministère de la santé et de l'Hygiène Publique, Ouagadougou, Burkina Faso
&Auteur correspondant
Aristide Compaoré, Direction de la santé animale, Ouagadougou, Burkina Faso, 09 BP 907.
Introduction: En mai 2022, la couverture de la population burkinabé complètement vaccinée était inférieure à 12% malgré la persistance de la COVID-19. L'hésitation croissante et le rejet de nouveaux vaccins figurent parmi les principales menaces de santé mondiale. L'objectif de l´étude était d'étudier les déterminants de l'acceptabilité́ de la vaccination contre COVID-19 au sein de la population dans quatre régions du Burkina Faso.
Méthodes: L´étude était transversale analytique. Elle s'est déroulée du 20 au 31 juin 2022 dans quatre régions du Burkina Faso. Un échantillonnage raisonné de 24 concessions par région a été́ réalisé́. Dans chaque concession, deux ménages ont été enquêtés. Notre échantillon était 288 personnes. Les données ont été́ collectées à l'aide de ODK-collect. Un test de Khi-carré avec le rapport de prévalence (RP) comme estimateur a été́ réalisé́ pour déterminer les associations entre l'acceptabilité́ de la vaccination et les différents facteurs potentiels.
Résultats: Sur 288 enquêtés, 34,72% étaient vaccinées contre COVID-19. Les hommes avaient plus de chance d'accepter la vaccination avec un RP=1,43(95%CI : 1,04-1,96).La perception des effets bénéfiques des vaccins contre COVID-19 par les enquêtés était associée à une chance 3 fois plus élevée de faire la vaccination avec un RP=3,06 (95%CI : 1,05-8,91).
Conclusion: L'hésitation devant les vaccins demeure une réalité́ au Burkina Faso. S'appuyer sur les leaders religieux lors des campagnes de sensibilisation sur la vaccination contre COVID-19 pourrait améliorer cette situation.
Introduction: In May 2022, coverage of the fully vaccinated Burkinabe population was below 12% despite the persistence of COVID-19. Growing hesitancy and rejection of new vaccines are among the biggest threats to global health. The objective of the study was to study the determinants of the acceptability of vaccination against COVID-19 among the population in four regions of Burkina Faso. Methods: We conducted a cross-sectional analytical study from June 20 to 31, 2022, in four regions of Burkina Faso. A purposive sampling of 24 concessions per region was carried out. In each compound, two households were investigated̂. Our sample was 288 people. Data was collected using ODK-collect. A chi-square test and the prevalence odds ratio were used to determine the associations between COVID-19 vaccine uptake and the different potential factors. Results: Among the 288 surveyed, 34.72% were vaccinated against COVID-19. Men were more likely to accept vaccination with an RP = 1.43 (95%CI: 1.04-1.96). The perception of the beneficial effects of vaccines against COVID-19 by respondents was associated with a 3 times higher chance of being vaccinated with an RP = 3.06 (95%CI:1.05-8.91). Conclusion: Vaccine hesitancy remains high in Burkina Faso. Relying on religious leaders during awareness campaigns on vaccination against COVID-19 could improve this situation.
Key words: Vaccination, COVID-19, Acceptability, Burkina Faso
Le Burkina Faso est confronté au COVID-19 depuis le 9 mars 2020. La maladie est en nette régression, mais tend à se transformer en endémie, d´où le besoin d´avoir une bonne couverture vaccinale. Quatre types de vaccin contre la Covid-19 sont disponibles à ce jour au Burkina Faso. Ce sont Johnson and Johnson, Sinopharm, Sinovac et Pfizer. Malgré les récentes campagnes encourageant la vaccination, l'hésitation croissante et le rejet pur et simple d'autres vaccins figurent désormais parmi les dix principales menaces pour la santé mondiale [1].
Plusieurs raisons expliquent la non-adhésion de la population à la vaccination contre la covid-19. Il s´agit entre autres de l'inquiétude concernant les effets futurs imprévus [2,3] et de l´inquiétude concernant les profits commerciaux des entreprises pharmaceutiques et les préférences pour l'immunité naturelle [1]. En Australie, 80,7% des répondants à une étude sur l´hésitation de la vaccination demandent des évaluations scientifiques indépendantes concernant la sécurité des vaccins afin d'accroître la volonté de se faire vacciner [4].
Force est de constater que la couverture vaccinale contre la COVID-19 reste très faible au Burkina Faso. Selon la direction de la prévention par la vaccination, environ 1 579 428 personnes ont été vaccinées au Burkina Faso depuis 2020 soit une couverture de 7,12%. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette faible couverture vaccinale contre la vaccination contre la COVID-19 dont la faible acceptabilité de la population burkinabè face à la vaccination contre la COVID-19. Cependant, les raisons de la faible acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 sont peu connues.
Cette étude s´est ainsi proposée d´étudier les déterminants de l´acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 dans les régions du Centre, Centre-Sud, Sud-Ouest et Centre-Ouest au Burkina Faso en juin 2022. Plus spécifiquement, il s´agissait de décrire les caractéristiques sociodémographiques de la population de l´enquête, décrire les connaissances, attitudes et pratiques de la population de l´enquête, déterminer la couverture vaccinale contre la COVID-19 et d´identifier les facteurs associés à l´acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 dans les régions de l´enquête.
Cadre de l´étude
L´étude s´est déroulée dans quatre régions du Burkina Faso sur les treize qu´il compte. Nous avons les régions du Centre, Centre-Sud, Centre Ouest et Sud-Ouest (Cf Figure 1). Le choix des régions s´est fait entre les régions jugée accessible, ayant une bonne situation sécuritaire et habitants des résidents de la cohorte 3 FETP-intermédiaire.
Type et période d´étude
L´étude s´est déroulée du 20 au 31 juin 2022 et était de type transversal analytique.
Population d´étude
L´étude a concerné la population des régions du Centre, Centre-Sud, Centre Ouest et Sud-Ouest au Burkina Faso.
Echantillonnage
Un échantillonnage raisonné des zones d´enquête par région a été fait en fonction de la concentration en habitations. Dans chaque concession, nous avons choisi 2 ménages dont nous avons adressé le questionnaire au chef de ménage présent. En cas d´absence de ce dernier, une personne majeure du ménage répondait aux questions.
Taille de l´échantillon
La taille totale de l´échantillon a été calculée par la formule de Swartz [5] :
n= taille minimale de l’échantillon; t=valeur du niveau de confiance=1,96; p=couverture vaccinal du Burkina en 2020 selon la direction de la prévention par la vaccination = 7,12%; m=margeur d’erreur de 0,05%
La taille minimale d´échantillon était d´environ 102 personnes. Au total, 288 personnes ont été rencontrées.
Collecte des données
La collecte des données de l´étude a été effectuée par les des résidents de la cohorte 3 FETP-intermédiaire au moyen d´un questionnaire électronique élaboré sur ODK et administré par entretien face à face grâce à ODK Collect. Les variables sociodémographiques et les variables sur la Connaissance, les attitudes et la pratique face à la vaccination contre la COVID-19 ont été recueillies.
Gestion et analyse de données
Les données ont été exportées sous forme Excel de ODK-Collect puis importé sur le logiciel Epi info™ 7.2.5.0 pour l´analyse. Le logiciel QGIS 3.22.5 a été utilisé pour la réalisation des cartes.
La vérification de la qualité des données a été effectuée par suppression ou correction des données aberrantes, manquantes, des doublons par appel de l´enquêté ou par vérification auprès de l´enquêteur. Les données qualitatives issues des entretiens ont été exportées sur Excel et ont fait l´objet d´un codage du contenu avant d´être analysées.
Les données démographiques des enquêtés et les réponses au sondage ont été analysées à l'aide de statistiques descriptives.
Les variables quantitatives ont été estimées par les mesures de tendance centrale et de dispersion. Les variables qualitatives ont été estimées par les mesures de fréquence. Pour l´analyse des facteurs associés, nous avons utilisé le test du Khi carré et l´estimateur de l´association est le ratio de prévalence (RP) avec un intervalle de confiance à 95% et un seuil de significativité de 0,05.
Considérations éthiques
Engagement de l´investigateur principal: L´investigateur principal s´est engagé à mener cette recherche selon les dispositions éthiques et déontologiques, à protéger l´intégrité physique, psychologique et sociale des personnes tout au long de la recherche et à assurer la confidentialité des informations recueillies. Il s´est engagé également à fournir aux participants tout le soutien permettant d´atténuer les effets négatifs pouvant découler de leur participation à cette recherche.
Liberté du participant: Le consentement pour poursuivre la recherche pouvait être retiré à tout moment sans donner de raison et sans encourir aucune responsabilité ni conséquence. Les réponses aux questions avaient un caractère facultatif et le défaut de réponse n´avait aucune conséquence pour le sujet.
Information du participant: Le participant avait la possibilité d´obtenir des informations supplémentaires concernant cette étude auprès de l´investigateur principal, et ce, dans les limites des contraintes du plan de recherche.
Confidentialité des informations: Toutes les informations concernant les participants ont été conservées de façon anonyme et confidentielle. Le traitement informatique n´était pas nominatif. La transmission des informations concernant le participant pour l´expertise ou pour la publication scientifique sera elle aussi anonyme.
Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés
Plus de la moitié des enquêtés avaient un âge compris entre 19 et 39 ans (166) avec une prédominance des 30-39 ans (31,71%). Ils étaient majoritairement de sexe féminin. Le Tableau 1 résume les caractéristiques sociodémographiques des enquêtés.
Connaissances, attitudes et pratiques des enquêtés sur la vaccination contre la COVID-19
Le Tableau 2 résume les connaissances attitudes et pratiques des enquêtés sur la vaccination contre la COVID-19.
Connaissances des enquêtés
La grande majorité des enquêtés (93,4%) ne savait pas que le pays disposait de plus de quatre types de vaccin contre la COVID-19. L´effet principal des vaccins contre la COVID-19 était connu par 69,23%. Le mode de transmission était connu par 87,15%.
Source d´informations
La radio (66,32%) et la télévision (61,11%) étaient les principales sources d´informations des enquêtés sur la vaccination contre la COVID-19.
Attitudes et pratiques des enquêtés sur la vaccination contre la COVID-19
La majorité des enquêtés (77,78%) étaient prêtes à accompagner un membre de leur famille à se faire vacciner, mais seuls 63,83% des enquêtés accepteraient de se faire vacciner dans les prochains jours. Le soutien de la vaccination par les leaders communautaires a été reconnu par 78,82% des enquêtés et la non-existence de groupes marginalisés dans la vaccination par 87,5%. La perception des effets bénéfiques des vaccins contre la COVID-19 était de 88,19%.
Couverture vaccinale
La situation vaccinale contre la COVID-19 des enquêtés était de 34,72% (100/288) dans notre étude.
Facteurs associés à l´acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19
Les hommes avaient plus de chance d'accepter la vaccination avec un RP de 1,43(1,04-1,96).. La perception des effets bénéfiques des vaccins contre la COVID-19 par les enquêtés était associée à une chance 3 fois plus élevée de faire la vaccination avec un RP de 3,06 (1,05-8,91, Tableau 3).
Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés
Dans notre étude, la tranche d´âge de 30 à 39 ans était la plus représentée. En outre, le sexe féminin représente 55,9%. Cela pourrait s´expliquer par le fait que la tranche d´âgé de 30-39 est la plus active et la plus importante au sein de la population. En plus, la période de notre étude coïncidait avec le début des travaux champêtres dans certaines régions, ce qui expliquerait le nombre élevé de femmes que d´hommes qu´on a retrouvés dans les concessions. Cette situation est bien différente avec celle retrouvée dans une étude au Nigeria intitulé « Predictors of uptake of a potential COVID-19 vaccine Among Nigerian adults » où la plupart des répondants (58,1 %) étaient des hommes [6].
Connaissances, attitudes et pratiques des enquêtés
Connaissance des enquêtés
L´enquête réalisée a montré des insuffisances quant au niveau de connaissance des enquêtés (93,4%) par rapport à aux vaccins. Ce niveau de connaissance est certainement lié à une insuffisance de communication qui doit se baser sur les bénéfices ou avantages que peuvent tirer les populations. Les agents de santé qui devaient être au centre de cette communication n´étaient pas eux-mêmes convaincus [7]. Pour Strickland et al. en Roumanie, les praticiens manquent de compétence en communication sur l´hésitation vaccinale pour aborder les risques et avantages de la vaccination avec les patients [7]. Cela a été également relevé par une étude réalisée aux États-Unis par Colten et Jennifer qui a montré que les cliniciens praticiens manquaient de confiance dans leur capacité à communiquer sur les risques et les avantages de la vaccination, y compris la nécessité d´utiliser les médias sociaux à cette fin [8]. Une autre étude, basée sur une revue de plusieurs publications, a mis en évidence une moyenne de prévalence de l'hésitation à la vaccination contre la COVID-19 dans le monde chez les travailleurs de la santé autour de 22,51 % [9] affectant négativement une communication efficace pouvant améliorer les connaissances des populations et les inciter à aller vers la vaccination.
L´effet principal du vaccin que sont la prévention et protection contre la COVID-19 était connu par moins de trois quarts des enquêtés. Cela pourrait s´explique par la peur des effets secondaires. Cela est corroboré par Fall et al. en 2021 qui ressort la thèse complotiste du vaccin qui ne serait pas d´origine biologique et donc augmentant la crainte de se faire vacciner [10]. Cela expliquerait que 88,4% des enquêtés de 18 ans et plus aient un risque de se faire contaminer à la COVID-19.
Le mode de transmission était connu par plus de trois quarts des enquêtés conformément à l´étude de Fall et al. en 2021 [10].
Source d´informations
Les principales sources d´informations sur la COVID-19 étaient la radio et la télévision. Les informations diffusées n´étant chaque fois de source officielle. Cependant en Inde, les média sociaux (Facebook, Instagram, Whatsapp et Youtube) étaient la première source d´informations [11]. En Ouganda en 2020, la principale source d´information était les organisations internationales par leurs différentes publications [12].
L´information par la télévision et la radio pourrait être un risque de désinformations et augmenter la crainte vis-à-vis de la vaccination. Cette crainte de désinformation est également ressortie par plusieurs auteurs tels que Kouassi et al. [13] et Marco-Franco et al. [14]. Melki et al. en 2021 estime qu´il est à craindre que les agents de santé s´informant sur les médias sociaux ne prennent pour vrai de fausses informations [15]. Al-Mohaithef et al. en 2020 ont trouvé que les fausses informations véhiculées sur la qualité du vaccin et la théorie du complot d´extermination des noirs seraient les principaux refus de vaccination en Arabie Saoudite [16]. Une meilleure médiatisation sur l´innocuité du vaccin est donc indispensable d´après Kaurl et al. [17].
Attitudes et pratiques des enquêtés
En ce qui concerne l´engagement des populations, 77,78% des enquêtés de notre étude étaient prêts à encourager ou accompagner un membre de leur famille à se faire vacciner. Aussi, une grande partie (63,83%) des enquêtés était prête à se faire vacciner dans les prochains jours. Cela peut s´expliquer après la sensibilisation des populations par notre équipe, le peu d´opportunités offert directement aux populations pour se vacciner (lieu de vaccination) et la non-prise en compte de toute la population lors des campagnes de vaccination contre la COVID-19 avec une cible à vacciner selon les âges. Ce résultat est proche de celui trouvé par Alaamri et al. en 2022 en Arabie Saoudite où 81% des enquêtés étaient prêts à payer des vaccins supplémentaires pour se faire vacciner eux-mêmes et leurs familles [18].
Pour la croyance en l´efficacité des vaccins disponibles contre la COVID-19, presque la majorité (88,19%) des enquêtés croyaient aux effets bénéfiques de ce vaccin avec cependant un faible taux de couverture vaccinale. Cette croyance est due en partie à la confiance aux propriétés de protection retrouvées avec les vaccins déjà existantes surtout dans la vaccination de routine. Mais, il demeure toujours des doutes sur la présence d´éventuels « effets indésirés [2,3] ou criminels » qu´auraient voulus les inventeurs en l´encontre des populations d´Afrique noire lors de la création de ces vaccins. Cette crainte a été également retrouvée par Oliveira et al. en 2020 au Brazil chez 67,1% des enquêtés [19], aussi par Padhi et al. en 2020 en Arabie Saoudite chez 61,4% des enquêtés [20] et enfin chez 69% des participants dans l´étude de Puertas et al en 2022 aux Caraïbes[21]. Mueller et al. en France en 2021, sur leur étude sur des professionnels de santé non vaccinés, ont 19,84% de ces personnes ayant envisagé la vaccination [22]. Parmi ces 19,84% ayant envisagé la vaccination, 45,9% affirment ne s´être pas vaccinés par manque d´occasion. Cependant, il note parmi les personnes n´ayant pas envisagé se faire vacciner que 62,5% d´entre eux ne reconnaissent pas l´efficacité des vaccins et 38,7% craignent les effets secondaires. La peur des effets secondaires a été également marquée chez les agents de santé lors d´une étude dans 12 pays par Noushad et al. en 2022 [23]. Du fait de ces effets secondaires, 80,7% des participants à une étude en Australie de Schernhammer et al en 2022 ont demandé des évaluations scientifiques indépendantes concernant la sécurité des vaccins afin d'accroître la volonté de se faire vacciner contre la COVID-19 [4]. Toutefois, MacDonald et al. en 2015 souligne que l´hésitation à se faire vacciner est influencée par trois groupes de facteurs à savoir l´influence contextuelle, individuelle et de groupe [24]. Les enquêtés au cours de notre étude auraient alors pu être à l´influence contextuelle par notre passage afin d´accepter de se faire vacciner dans les prochains jours.
Sur l´existence de groupe ethnique ou communautaire marginalisé dans la vaccination contre la COVID-19, 87,5% des enquêtés estimaient qu´il n´y a pas de marginalisation dans l´offre de se faire vacciner et cela se retrouve dans les principes de fonctionnement du système de santé burkinabè qui n´a montré à ce jour aucune discrimination ethnique en milieu sanitaire.
Plus de 70% des enquêtés de notre étude ont affirmé que les leaders religieux, politiques et autres personnes ressources soutenaient la vaccination contre la COVID-19 contre seulement 2% des enquêtés aux Caraïbes dans l´étude de Puertas et al. qui trouvaient une influence religieuse positive[21]. Cette implication de leaders pourrait être plus utilisée comme stratégie de sensibilisation afin de vaincre l´hésitation à la vaccination comme l´a préconisé Tolia et al. dans son étude en Inde en 2022 [25].
L´attribution des vaccins par le programme de santé du gouvernement était considérée bénéfique pour la population par 88,19% des enquêtés. Cette conduite des autorités dans le sens de la vaccination peut s´expliquer par le fait que ces derniers sont mieux avertis sur les problèmes sanitaires sensibles touchant les populations ainsi que leurs conséquences.
Couverture vaccinale de la COVID-19
Au Burkina Faso, l´objectif de la couverture vaccinale est estimé à 70%. Cependant, dans notre étude, la couverture déclarative était de 34,72%, ce qui est inférieur à l´objectif national. Cette situation pourrait s´expliquer par la faible disponibilité des vaccins à tous les niveaux du système de santé, la faible adhésion des populations à la vaccination et l´insuffisance dans la connaissance sur les effets bénéfiques de la vaccination. Bien que cette couverture soit en deçà de l´objectif, elle est supérieure à celle des campagnes de masse (10%)[26]. En outre, cette couverture vaccinale est supérieure à celle obtenue dans les pays de la sous-région au 30 avril 2022 selon le bulletin mensuel « COVID-19 vaccination in the WHO African region » (Ghana: 6,2%; Nigeria: 6,3% ; RCI: 1,6% ; Bénin: 0.007%) [26].
Facteurs associés à l´acceptabilité de la vaccination contre la Covid-19
Les facteurs qui influencent significativement l´acceptabilité des vaccins contre la COVID-19 dans les populations enquêtées sont le sexe, la croyance en l´efficacité des vaccins contre la COVID-19 et la perception de l´effet bénéfique des vaccins.
En ce qui concerne le sexe, l´analyse croisée montre une différence significative en faveur des hommes (RP=1,43; 1,04-1,74). Ce résultat pourrait s´expliquer par le fait que les femmes soient plus méfiantes et moins courageuses à suivre les directives de vaccination comparativement aux hommes qui sont plus disposés à le faire. Les femmes ont besoin d´être plus rassurées et convaincues avant de se lancer. Cela est également retrouvé dans l´étude de Olomofe et al. en 2021 au Nigeria où les hommes acceptaient plus la vaccination que les femmes (p=0,002)[2].Cela corrobore au résultat de Wang et al., qui a obtenu une chance 1,25 (IC: 1,03-1,52) plus élevée que les hommes acceptent la vaccination par rapport aux femmes [27]. Cependant, ces résultats diffèrent de ceux de Padhi et al. en Arabie Saudite [20] et de Lazarus et al. dans 19 pays [28] en qui n´a pas obtenu d´association significative entre le sexe et l´acceptabilité à la vaccination.
La croyance en l´efficacité du vaccin est un facteur déterminant de l´acceptation de se faire vacciner, dans notre étude. On note que l´ensemble des enquêtés qui croyaient que le vaccin était efficace se sont fait vacciner (p=0,002). Nos résultats sont similaires à ceux de Olomofe et al. en 2021 au Nigeria qui montraient que ceux qui avaient une bonne perception des vaccins adhéraient à la vaccination (p< 0,001) [6]. Pour ce qui est de la perception des effets bénéfiques des vaccins, le groupe des participants ayant une bonne perception était 3 fois plus disposer à se faire vacciner que ceux qui en avaient une moins bonne. Nos constats rejoignent la conclusion de l´étude nigériane qui stipulait que pour l´adoption du vaccin, le sexe masculin (p = 0,002) et la perception que les vaccins sont bons ou efficaces (p< 0,001) étaient le prédicteur positif de l´adoption d´un vaccin potentiel contre la COVID-19 [6]
L´étude s´est menée dans les régions du Centre, Centre-Sud, Centre Ouest et Sud-Ouest et a concerné en majorité la tranche d´âge de 19 à 39ans, avec une prédominance de femmes. Presque que tous les enquêtés ne connaissaient pas le nombre de vaccin disponible au Burkina mais avaient une bonne connaissance du mode de transmission de la COVID-19. Ils s´informaient sur la maladie à travers la radio et la télévisions. Lors de l´enquête, plus de la moitié (63,83%) accepterait se faire vacciner dans les prochains jours et connaissait les effets bénéfiques du vaccins (88,19%).
La vaccination est l´un des moyens le plus efficaces pour contrôler les flambées de maladies dans le monde. Cependant, en ce qui concerne la pandémie à COVID-19, les hésitations sont et demeurent nombreuses avec une couverture vaccinale dans cette étude de 34,72%. Parmi les facteurs explicatifs de cet état de fait, notre étude a trouvé que le sexe masculin (RP=1,43 (1,04-1,96)) et la bonne perception des effets bénéfiques des vaccins (RP=3,06 (1,05-8,91)) étaient des facteurs de bonne acceptabilité des vaccins dans notre pays. L´étude a ainsi recommandé de s´appuyer sur les leaders religieux pour être des portes-flambeaux des campagnes de sensibilisation et de communication des effets bénéfiques de la vaccination contre la COVID-19.
Etat des connaissances actuelle sur le sujet
Contribution de notre étude à la connaissance
Les auteurs déclarent qu’ils n’ont pas d’intérêts concurrents.
AC, MOO, SAT et BK ont développé le protocole et les outils de la recherche, et étaient responsable de l'analyse des données. BK et DY ont supervisé l'exercice de collecte de données, donné des conseils techniques, organisé et numérisé les outils de recherche, et ont examiné les différentes versions du manuscrit. AC a rédigé le manuscrit.
Nous sommes reconnaissants aux enquêtés de l’étude et nous remercions particulièrement AFENET, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique et le Ministère de l'agriculture, des ressources animales et halieutiques du Burkina Faso. Nous remercions spécialement les résidents et les mentors de la cohorte 3 FETP Intermédiaire du Burkina Faso pour leur contribution à l’élaboration du protocole de recherche, la réalisation de l’enquête et dans la rédaction du rapport de l’enquête.
Tableau 1: Caractéristiques socio-démographiques de la population de l’enquête sur l’acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 dans les régions du Centre, Centre-Sud, Sud-Ouest et Centre -Ouest au Burkina Faso en juin 2022
Tableau 2: Connaissances, attitudes et pratiques de la population de l’enquête sur l’acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 dans les régions du Centre, Centre-Sud, Sud-Ouest et Centre -Ouest au Burkina Faso en juin 2022
Tableau 3: Facteurs associés à l’acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 dans les régions du Centre, Centre-Sud, Sud-Ouest et Centre -Ouest au Burkina Faso en juin 2022
Figure 1: Cartographie des districts de l´étude, Burkina Faso, 2022
Vaccination
COVID-19
Acceptability
Burkina Faso
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